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Exposé de la thématique
Comment une profession fait-elle face à l’actualité ? Comment ses membres, géographes (professionnels) « aguerris », jeunes géographes en haute formation (notamment en doctorat), s’invitent-ils à répondre entre eux et en direction des sciences voisines, à l’état du monde, dans une posture très générale qu’Emmanuel Kant formulait ainsi : « Que puis-je connaître ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? »
En d’autres termes, comment les géographes qui accepteront de se réunir en juin 2012 en Avignon pour le dix-neuvième Géopoint/Biennale de la géographie, répondront-ils à la question : « Vous êtes géographes ? Alors, qu’avez-vous à nous dire sur l’état de la planète Terre et qu’avez-vous à proposer ? »
Il est donc attendu de chaque texte un double choix de perspectives :
- En termes d’information, connaissance, procédures méthodologiques (que puis-je connaître ?) ;
- En termes de propositions d’action (que dois-je faire ? – que m’est-il permis d’espérer ?)
C’est une demande légitime, qui interroge les savoirs, les savoir-faire géographiques, leur horizon de valeurs. Avec l’ambition de ne pas séparer les activités de la recherche scientifique de ses responsabilités et de ses usages, et en mettant en discussion les valeurs qui donnent tout leur sens aux travaux, aussi bien du côté de l’unité logique des sciences que des principes humanistes dont nous ne voudrions pas nous défaire (Fidélité à nouveau à Kant, lorsqu’il affirme, quant à la finalité des actions humaines, que seule l’humanité, en tant qu’idéal universel de la raison, est une fin en soi : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien en toi qu’en autrui, toujours comme une fin et jamais simplement comme un moyen ».
Interrogation de grand enjeu quand elle se porte au niveau du globe, ce niveau majeur de la planète Terre, à ne pas séparer du système d’échelles qui s’étend du local au cosmique, en raison de la dynamique actuelle de globalisation/mondialisation.
Pour les organisateurs, il est clair que la décennie 70 du siècle dernier a ouvert une période nouvelle : Post-modernité
ou nouvelles phases de la modernité inscrites dans la longue durée de l’histoire humaine ; crise énergétique inaugurée par les chocs pétroliers et développement de l’écologie ; montée du chômage et mise en cause des acquis sociaux de la fin de la période dite fordiste ; prise de conscience de la finitude des ressources non renouvelables, pollution et changement climatique ; déploiement mondial de la prééminence financière; crises successives ; maintien de profondes inégalités dans le monde, et de conditions de misère ou de pénurie pour des multitudes humaines.
Cette biennale de géographie, veut donner « géographiquement » son avis sur ces questions et faire participer, aussi bien les géographes professionnels que ceux qui relèvent d’une véritable géographie parallèle au débat actuel où se sont avancés, les écologues, les économistes, les politologues, les philosophes… On attend que les propositions portent aussi sur l’identification des points sur lesquels il sera possible de « faire levier » pour améliorer/réformer la dynamique sociale et sociétale, le système productif, l’organisation économique.
Parmi les caractères du monde qui émerge depuis quelques décennies, et les problèmes qu’ils posent à l’humanité, on peut retenir quatre thèmes majeurs qui serviront de base à l’organisation du colloque.
Peuplée comme elle ne l’a jamais été, avec des niveaux de consommation élevés d’une part significative de ses habitants, la planète Terre a vu son état subir des modifications de grande ampleur. La production de biens matériels qui a atteint des volumes inédits implique à la fois un prélèvement massif sur les ressources, notamment les ressources non renouvelables et l’apparition de quantités non moins massives de déchets, solides, liquides et gazeux.
De nouveaux outils en matière de communication, de traitement de l’information, de repérage dans l’espace, ont le double effet de transformer les comportements humains et de fournir des moyens puissants pour les étudier, notamment selon les formes de l’occupation de l’espace par les habitants de la Terre.
Des flux de plus en plus rapides déplacent sur toute la surface de la Terre et à toutes les échelles des quantités accrues de biens matériels, d’informations, de capitaux, ainsi, bien sûr, que d’êtres humains. Le rôle de ces flux dans la construction ou la consolidation d’un objet monde, d’une économie mondiale qui soit une véritable « économie-monde », est évident. Comme l’est aussi le maintien, voire le développement des spécificités des territoires entre lesquels circulent ces flux.
À tous les niveaux scalaires, l’évolution du monde, les concurrences pour les ressources, le rapprochement et l’interaction accrue de groupes longtemps indifférents les uns aux autres, souvent parce qu’éloignés de fait les uns des autres, ont suscité de nouvelles formes de violence – une violence qui n’a jamais été absente de l’histoire humaine. Le désir de faire face à cette violence a conduit à des tentatives de gouvernance mondiale, dont le développement futur fait l’objet de spéculations et de propositions.
En conséquence, les discussions autour des communications seront organisées en quatre thèmes dans des ateliers.
Sous-thèmes du Géopoint 2012
À partir des considérations développées ci-dessus, il a été proposé de centrer les discussions autour des sous-thèmes
suivants :
1/ État de notre planète ; nouveaux rapports de position, nouveaux rapports scalaires.
2/ Nouveaux outils, nouvelles connaissances et représentations du monde.
3/ Flux et homogénéisation des savoirs, des pratiques, des cultures ?
4/ Espaces de la violence et géogouvernance.
Le sous-thème 3 n’ayant pas été repris dans les propositions de communication transmises, il a été remplacé par
un forum sur la dimension théorique de la géographie.